Tu cours trop !

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Je me suis mise au running en mai 2013. Puis je me suis blessée et j’ai connu la frustration de ne pas pouvoir courir pendant plusieurs mois. Pendant cette période d’arrêt j’étais un peu déprimée, dans ma tête c’était la fin du monde : le premier sport que j’aimais d’amour, qui me faisait du bien et pour lequel j’étais toujours partante, bah non, tu ne pourras plus.

Les gens autour ne comprenaient pas vraiment comment moi, la nana casanière qui ne bouge jamais, avec des kilos en trop, je pouvais déprimer à cause d’une raison si stupide. Et comme j’ai tendance à être très entière (la nuance ? la quoi ?!), mes proches sont habitués à mes intérêts soudains pour quelque chose qui s’arrêtent aussi nets qu’ils ont commencé. J’ai donc à peu près tout entendu

Tu exagères, la marche c’est bien aussi !

De toutes façons, c’est très mauvais pour les articulations de courir, je te l’avais dit.

Et puis mon ami bidule, chirurgien orthopédique, dit que c’est vraiment pas bon ! Tu n’imagines pas le nombre de genoux qu’il a du réparer.

De toutes façons tu courais trop, je t’avais bien dit.

C’est pas bon pour toi.

Perds du poids d’abord et après on verra si tu peux courir.

Tu dois t’ennuyer quand tu coures, trouve un sport plus sympa.

Tu venais juste de t’y mettre, tu trouveras vite autre chose.

Autant vous dire que ça ne m’a pas vraiment aidé à prendre cet arrêt forcé avec philosophie.

Puis j’ai commencé à lire sur les forums que je n’étais pas la seule à avoir mal aux genoux, que d’autres personnes sont allées jusqu’à la table d’opération pour pouvoir continuer à courir. Bref j’ai fini par aller voir un podologue vraiment nul mais très beau parleur.

Je ressors avec une paire de semelles qui n’arrange rien et qui, au contraire, me bloque autre chose.

Comment ça tu n’es pas allé voir MON podologue ? Mais je t’avais dit, il est génial, d’ailleurs il te dira lui-même que la course à pieds c’est pas bon pour toi.

Oui, du coup, je suis allée en voir un autre, un peu désespérée, me faisant petit à petit à l’idée que je ne courrais plus et qu’ils avaient peut-être raison. Peut-être que la course ce n’est pas bon.

Ce deuxième coup fut le bon : je tombe sur un podologue sympa, pro, marathonien de surcroit qui me fait courir et qui filme sur tapis, on parle, on se marre et je reviens une semaine plus tard pour récupérer ma paire de semelles.

  • On se revoit l’année prochaine, qu’il me dit.
  • Vous êtes sûr ? Juste une paire de semelles et tout ça c’est fini ?
  • A l’année prochaine !

Nous voilà donc rendus fin septembre 2013. Je commence par aller marcher avec les semelles pour ne pas réveiller ma douleur au genou qui me faisait encore un peu souffrir (le voltarène et moi on n’est pas trop potes, donc réduire l’inflammation prend tout de suite plus de temps). Première marche : encore quelques douleurs. Seconde marche ça va mieux, j’accélère le pas, la douleur revient, je déprime. J’insiste, et, comme par magie, la douleur a disparue.

Je m’entends alors parler à mon genou « tu déconnes ? Tu vas attendre encore 2/3 sorties pour revenir c’est ça et bien me faire déprimer ? ». Puis non en fait, c’était fini. Je ne dis pas que mon genou ne se tend pas au bout de 10km, que je n’ai pas de douleurs quand j’ai fini de courir et que je retourne au calme, sans semelle, mais c’est l’histoire d’une heure et tout va mieux.

 

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Je me dis timidement que je vais peut-être pouvoir me remettre à la course mine de rien. Une fois par semaine, deux fois, et premiers 8km en Novembre. Je suis trop contente, je me fiche du temps (même si je bats tous mes chronos), c’est que du bonheur.

Et depuis Janvier, je coure 4 fois par semaine, parfois même 5 quand ça me manque. Oui parfois ça me manque j’ai envie de courir, mes jambes me démangent, j’ai besoin de sentir l’air, la pluie, même 5 petits km, juste comme ça, parce que.

L’entourage commence à me prendre un peu pour une folle, mais ils suivent ça de près.

Encore une course ce dimanche ?

Tu coure aujourd’hui ? Mais tu n’as pas déjà couru hier ?!

Untel m’a dit que tu avais couru ce matin, tu vas avoir un problème à courir trop tôt et seule !

T’es folle, tu cours trop ! Tu verras, tu vas te blesser.

J’ai même couru 2 fois dans la même journée il n’y a pas si longtemps, tôt le matin et tard le soir :

N’importe quoi, mais tu est vraiment folle… Trouves autre chose à faire.

A tel point que parfois j’hésite à dire que je suis allée courir de peur qu’on m’emmerde. Pas très joli mot mais c’est le plus pertinent que j’ai trouvé.

Je me suis demandée, avec C. (qui coure aussi mais n’est pas accro) d’où venaient toutes ces réflexions. Bienveillance, jalousie, incompréhension ? Je n’en sais trop rien à vrai dire mais c’est un peu fatigant.

Suite à ma course épique de dimanche dernier, je me suis bloqué le pied. Ca arrive. On peut aussi se bloquer un doigt en tricot hein, on n’en fait pas toute une histoire. Et là, l’entourage d’insister :

Tu vois ? Je te l’avais dit, tu cours trop ! Demande à l’ostéo si tu as raison de continuer car tu te blesses souvent…

Hm.

Ceci-dit, j’ai bien fait marrer l’ostéo en posant cette question. 35 ans qu’elle coure, 35 ans qu’elle pète le feu. Beaucoup plus que certaines autres personnes plus jeunes qui se préservent. Qui te jugent parce que tu cours et que ce n’est pas bon pour tes articulations mais qui doivent oublier que lorsqu’elles s’allument une clope ses poumons ne doivent pas vraiment faire la danse de la joie !

Tout ça pour dire que je ne veux plus chercher le pourquoi du comment, certainement que, tant qu’on n’est pas amoureux d’un sport on ne peut pas comprendre, je me revois même dire à mon beau-frère qui allait courir à 7h du mat au parc sous la pluie qu’il était fou. J’étais pareil donc je ne blâme pas.

Mais maintenant je comprends comme c’est chiant. Chacun à ses occupations et avec une boîte à gérer, il me faut au moins 1h de sport par jour pour ne pas devenir folle. Et oui il y a des jours où je reste dans mon canap avec pour seul compagnon 10 une tablette de chocolat, mais le reste du temps je coure, je bouge et je suis bien comme ça.

Et tant pis si ça ne plait pas !

 

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11 réflexions au sujet de « Tu cours trop ! »

  1. Je suis ton blog depuis peu de temps mais j’adhère à 100% avec ton article.
    J’entends régulièrement « mais pourquoi tu cours ça sert a rien »; « tu es sur que ca va?? » « tu n’es pas un peu accro à la course a pied » « quoi encore une course??? »….
    Ça me saoule mais je m’en fiche, je fais ce que je veux!!!!
    Bon courage pour la suite!!!!

  2. T’auras toujours quelqu’un qui saura mieux que toi ce que tu dois faire et pourquoi tu dois le faire…et souvent ceux qui te donnent ces conseils ne font rien !! (Sportivement je parle)
    si tu commences a les ecouter tu te brides..laisses tomber.
    vas courir 5 fois par semaine si t’as envie!! (Ton article a provoqué mon (petit) cri du coeur du jour 🙂 )
    Bon running!!!

  3. Aujourd’hui quand on m’a parlé de connaissances qui sont allé courir sous la pluie; la grêle et le vent hier, j’ai dit « Ils sont fous »… mais me suis ravisé pour dire « quel courage! ». En fait je crois que je les envie un peu ^_^

    • Oui je pense qu’il y a un peu de ça. Quand j’avais aussi ce discours il y a quelques années au fond j’étais envieuse parce que les gens qui bougent sont biens dans leurs baskets (on comprend d’ailleurs beaucoup mieux cette expression aujourd’hui ^_*)

  4. Ah oui quand tes voisins te disent « mais c’est dimanche »; quand tes parents disent « c’est un sport de chocs tu vas te blesser aux genoux » ; quand te amis te disent « et ça te fais vraiment plaisir? » ; quand les autres bien pensant que tu ne connais même pas te disent « tu vas avoir des cuisses de cycliste, tu vas te ruiner les ménisques et on te pousseras sur un fauteuil roulant à 50 ans, tu as quelques chose à te prouver travaille plutôt sur toi… »…euh pardon, mais je vais courir là.

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